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Numéro de matricule

Je continue d'être bien occupé à divers travaux – alors même que je pensais relever la tête et pouvoir avancer dans mes guerres aborigènes, un rapport contrariant sur un de mes articles en cours est venu perturber mes plans. En gros, je viens de prendre deux ou trois bonnes semaines supplémentaires de travail dans les gencives, sans la moindre garantie (litote) que les modifications que j'apporterai convaincront mes reviewers mal disposés. Au passage, le système du rapport, au moins en sciences humaines, me semble poser une vraie question, la limite entre une faiblesse objective dans un travail et un désaccord (voire, une incompréhension pure et simple) me paraissant fort ténue... et la volonté de se situer clairement par rapport à ladite limite très inégalement partagée.
Toujours est-il que faute d'alimenter ce blog en longs billets de recherche (j'ai bien une ou deux idées en cours, mais pas le temps nécessaire pour leur donner forme), je partage ici un courrier inattendu reçu ce matin. La Bibliothèque Nationale de France m'informe en effet que ce blog, qu'elle considère comme une publication à part entière, s'est vu attribuer un numéro ISSN qu'il aura dorénavant l'obligation de mentionner. Mazette !
N'empêche, voir un courrier officiel émanant de ce digne organisme attribuer solennellement un identifiant au calembour qui sert de titre à ce blog, je l'avoue, a égayé ma journée et m'a un peu consolé de mes petites avanies rédactionnelles. Oui, je sais, il m'en faut peu.

9 commentaires:

  1. Cool !
    À propos du système du rapport, que je connais évidemment bien et dans les deux sens (le plus souvent en tant que rapporteur, mais aussi régulièrement en tant que rapporté), je ne peux qu'aller dans ton sens : non seulement la limite est ténue, mais elle est en fait souvent franchie. Je ne connais personnellement qu'un seul bon moyen pour améliorer cela, pour lequel je me bats : que les noms des rapporteurs soient communicables et communiqués. À la fin de mes rapports, personnellement j'indique toujours qu'ils sont communicables nominativement, mais la plupart du temps les revues les "anonymisent". Je trouve extrêmement regrettable que maintenant, quasiment toujours et partout, les rapports soient anonymes. J'estime que lorsqu'on fait un rapport on doit être capable d'assumer ce que l'on écrit, et je suis sûr que certains seraient bien plus objectifs, pétoche aidant, s'ils n'avaient pas la certitude que le ou les auteurs ne sauront pas d'où viennent les scuds...

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  2. BB is right. L'anonymat des rapporteurs est la porte ouverte à tous les abus, prétendre établir un protocole d'évaluation objectif sur cette base est illusoire. Ceci dit, dans le cas particulier qui intéresse Christophe (et moi aussi puisque nous étions sollicités pour le même ouvrage), je ne suis pas certain que le fait de connaître le nom des rapporteurs eut changé grand chose. Car il faut encore que l'auteur ait une position suffisamment reconnue pour susciter l'éventuelle " pétoche"du rapporteur et forcer les plus virulents à justifier un minimum leur critique. La notoriété de l'auteur joue aussi dans l'affaire. Or, pas plus Christophe que moi sommes connus de l'aréopage de reviewers anglo-saxons du dit ouvrage, ce qui est évidemment un facteur aggravant.

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  3. Au risque (ou au plaisir) de susciter un vigoureux débat, je ne suis pas certain d'être convaincu par vos arguments. J'ai l'impression, en gros, que le remède serait pire que le mal. Les sciences humaines souffrent déjà beaucoup, je crois, de cette tendance à établir la valeur des arguments en fonction du poids académique de leur auteur (un défaut, me semble-t-il, largement moins présent dans les sciences dures). Publier le nom des auteurs et des rapporteurs serait, j'en ai peur, interdire de facto toute critique vis-à-vis d'un collègue confortablement assis dans la carrière, de peur de voir la sienne compromise. Cela n'enlève rien à l’ambiguïté du système du reviewing que je notais dans mon billet, mais faute de meilleure idée, l'anonymat me semble être la moins mauvaise des solutions – ce qui ne devrait pas empêcher une réflexion et une clarification collective sur le rôle d'un rapporteur, mais là, je sais que j'émets un vœu pieu (un vieux pneu ?).

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    1. Tu n'as pas tort, mais il y a un remède très simple à ça : anonymiser les auteurs pour la relecture. Très peu de revue le font, mais certaines oui (par exemple, en France L'Homme le fait). Si les rapporteurs évaluent le texte sans connaître le(s) auteur(s), puis qu'ensuite leur nom est transmis aux dits auteurs, on a sans doute la façon la plus objective d'évaluer un texte. Vieux pneu, comme tu dis ?

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    2. Cela ne risque-t-il pas de faire baisser le niveau d'exigence ? Un rapporteur pourrait craindre que ses remarques lui valent l'inimitié de l'auteur et s'abstenir de toute critique sérieuse, de crainte de tomber sur un auteur influent capable de rétorsions, non ?

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    3. Au début de ma "carrière" de rapporteur, j'étais pour le non anonymat des rapports (sur l'argument : on assume ce qu'on dit). Et puis je me suis plusieurs fois retrouvé dans la situation décrite par Christophe : des articles sur lesquels j'avais des critiques assez lourdes, mais avec des craintes que ces critiques génèrent des complications (pas tellement des "rétorsions", mais plutôt des prises de tête dans lesquelles je n'avais pas envie de m'embarquer). Dans ce genre de cas, on est bien tenté d'atténuer ses critiques, ce qui n'est pas bon. Du coup j'ai vu l'intérêt de l'anonymat des rapporteurs, et je ne pense franchement pas que le remettre en cause améliorerait quoi que ce soit (à mon avis, ceux qui se permettent de descendre un article par pur parti pris le feront quand même, même si leur nom est connu). En toute rigueur, le dispositif permettant la plus grande neutralité est le double aveugle (les auteurs ignorent le nom des rapporteurs et vice versa). Là encore, très peu de revues le font.

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    4. Oui, tu as raison, le double aveugle c'est une très bonne solution aussi (la meilleure ?). Le non-anonymat ne me gêne absolument pas, mais je reconnais que tu as également raison pour les prises de tête, même si ça ne m'est jamais arrivé (peut-être parce que j'essaye d'être constructif dans mes remarques et que quand je canarde c'est que c'est tellement mauvais que c'est indéfendable).

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  4. Avec internet où les papiers sont présent en version préliminaire, sur le site des conférences etc etc (ce qui est normal vu le temps que mettent les processus de reviewing), le double aveugle est illusoire. Personnellement, dans ma spécialité où il n'y a rarement le noms des auteurs, je fais toujours un tour sur google scholar pour trouver le noms des auteurs.
    Et souvent, dans les sciences plus "dures", ou trouvaux direct, basés sur de la modélisation, le model utilisé te renseigne sur directement sur le labo de provenance des auteurs

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    1. pardon pour les coquilles:
      Et souvent, dans les sciences plus "dures", basées sur de la modélisation, le modèle utilisé te renseigne directement sur le labo de provenance des auteurs

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