L’enregistrement du Grand face-à-face (France Inter)

Ce samedi 6 septembre, j’étais convié dans le « Grand face-à-face », sur France Inter, afin de discuter de mon Casus belli. J’ai eu le plaisir d’échanger avec trois interlocuteurs qui l’avaient lu d'un œil attentif et qui m’ont posé des questions fort à propos, et de le faire de surcroît – chose rare dans les medias grand public – dans un cadre qui laisse la place d’exposer ses raisonnements.
Ce fut donc un très bon moment, dont je remercie chaleureusement Thomas Snegaroff, Natacha Polony et Gilles Finchelstein !
Et pour écouter l’émission, pas besoin d’aller fouiller le net, c’est servi sur place :



Très intéressant
RépondreSupprimerJ'ai écouté avec atention l'émission et ai 2 questions. Ma formation de biologiste me pousse à en poser au moins 2. Les êtres vivants évoluent.. donc comment être sûr que ce qui a été décrit il y a peu à l'échelle de l'évolution chez les chasseurs cueilleurs ( la guerre par ex) existait bien avant le néolithique ?
RépondreSupprimercomment sait-on que les femmes ne participaient pas aux chasses ?
Merci de votre intérêt ; vous soulevez évidemment là des questions cruciales ! On ne peut pas être « sûr » que les chasseurs-cueilleurs actuels (ou « subactuels », comme disent les ethnologues) sont représentatifs de ceux qui existaient il y a plusieurs milliers d'années. Mais si l'on observe un comportement – ici la guerre – chez les subactuels, il y a deux hypothèses : soit ce comportement faisait aussi partie de la gamme des possibilités du passé, soit il est apparu entre temps. Et là, on essaye de soupeser la vraisemblance des deux hypothèses. Personnellement, je ne vois aucune variable qui pourrait expliquer pourquoi les Australiens se seraient mis à faire la guerre tandis qu'aucun des chasseurs-cueilleurs du passé ne la faisaient. Et je vois deux bonnes raisons de penser le contraire : d'une part, les raisons pour laquelle il la font (raisons qui existaient aussi dans le passé), d'autre part les éléments archéologiques ténus, mais réels, qui indiquent quelques sérieux conflits en ces temps reculés.
SupprimerQuant au rôle des femmes, c'est là aussi un raisonnement essentiellement fondé sur l'ethnologie (mais avec des centaines d'observations d'une convergence remarquable sur les cinq continents) et sur quelques arguments archéologiques ténus, mais réels. Et là encore, si le passé n'était pas globalement à l'image du présent, on voit bien mal quand et pourquoi la séparation entre les femmes et certaines fonctions de la grande chasse seraient apparues dans une période récente sur l'ensemble de la planète...
Cher Monsieur votre séquence était passionnante et quelle gaité dans votre façon de transmettre votre savoir ! Merci de cette parenthèse savante et si peu pontifiante.
RépondreSupprimerVoilà une réaction qui ma va droit au cœur !
SupprimerJe partage pleinement le commentaire. Scientifique, je ne suis pas baigné et attiré naturellement par ces sujets, mais c'était une porte ouverte à en lire et en retenir plus
SupprimerJ'ai découvert vos travaux grâce à cette émission. A plusieurs reprises, j'avoue avoir pensé au film "RRRrrr" : je ne suis pas un grand intellectuel !
RépondreSupprimerSinon , la mise en perspective du patriarcat dans vos conférences m'intéresse beaucoup (tout m'y semble clair et si évident) car permet d'objectiver le passé, et nous laisse libre d'inventer pour notre avenir.
Merci de rendre vos recherches accessible au grand public. Cdt. V.B.
Natasha Polony n'a pas pu s'empêcher de ramener l'Ukraine dans le débat. Pourtant si on "élargissait la focale" comme dirait le distingué ethnologue interviewé, on pourrait ajouter une conclusion façon texte de Trotsky cité dans un autre billet. Les guerres décrites ici ont disparu, et d'un certain point de vue les sociétés se sont "civilisées" (et même, on me pardonnera le jeu de mots, "policées"). Comme guerres, il ne reste plus que ce que CD dit au début, des guerres pour conquérir des ressources. Et donc, cf LT, si on renverse le capitalisme pour créer une société de coopération, ces dernières formes de guerre devraient disparaître à leur tour, comme a disparue la chasse aux têtes (au visible regret de Christophe, voire de ses interviewers). Mais ceci est un autre débat...
RépondreSupprimerOui, je regrette un peu de ne pas avoir placé un raisonnement sur ce point, mais la question n'a pas été posée directement, j'ai répondu à ce qu'on me demandait, et le temps est (très) vite passé...
SupprimerSi l'entretien était intéressant effectivement dans la mesure ou tu as pu t'exprimer sans que tu sois interrompu inutilement, je n'ai tout de même pas aimé ce début d'entretien où notre ami Snegaroff a souligné que le titre de ton blog l'avais je cite "bien fais rire".
RépondreSupprimerA notre époque où les médias mainstream s'efforcent de ringardiser un maximum la lutte de classes, cette petite boutade n'est pour moi pas anodine.
Mais sinon super Christophe, continues tes recherches et merci pour ta pédagogie pour les nons initiés comme moi qui veulent comprendre dans quel monde ils vivent et d'où il émerge.
Bah, quand on choisit un titre de blog qui est une vanne, on peut difficilement reprocher aux gens de la trouver drôle...
SupprimerC'est pas faux comme dirait l'autre. Faut dire aussi que le salariat est tellement bichonné à longueur de journée mediatiquement qu'on en devient un peu soupe au lait.
RépondreSupprimerBon j'arrête sinon je vais être obligé d'écouter France Inter pour donner d'autres exemples. Faut pas déconner non plus.
Sur la même radio :
RépondreSupprimerhttps://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-terre-au-carre/la-terre-au-carre-du-mardi-09-septembre-2025-1205757
Je ne sais pas si le résumé qui figure sur le site est fidèle, mais il y a deux ou trois trucs qui me semblent fort discutables.
SupprimerIl est plus ou moins fidèle.
Supprimer(Sauf sur les bonobos, elle dit bien que ce n'est pas un patriarcat)
Une autre émission sur le même thème mais d'une autre radio...
Ton nom est cité, et l'intervenante dit qu'elle ferait bien un débat avec toi.
Je serai curieux d'entendre ça...
https://sortirducapitalisme.fr/emissions/aux-racines-de-la-domination-masculine-le-feminisme-materialiste-de-paola-tabet/
Boulette.
SupprimerLire " elle dit bien que ce n'est pas un matriarcat
Si « le patriarcat a émergé dès le IIIᵉ millénaire avant notre ère, en Mésopotamie », est-ce à dire que les populations américaines en ont été miraculeusement épargnées jusqu'à l'arrivée des colons européens ?
SupprimerJe ne sais pas trop ce qu'elle veut dire par là. Il faudrait lire le livre, car elle n'a pas l'air non plus de nier que la domination masculine ait été plus ancienne.
SupprimerEt pour ce qui est de l'autre émission, je ne l'ai pas écoutée non plus, mais j'avais discuté il y a une dizaine d'années avec une des intervenantes (Leila Ouitis). Nous n'étions sans doute pas d'accord sur tout, mais j'avais eu le sentiment d'un échange respectueux et productif.
SupprimerEffectivement elle est plus nuancée. C'est plutôt :
SupprimerLe paléo voit une domination masculine mais gentille, au néolithique ça commence a bien sentir le pâté, à l'age du bronze c'est la cata
(évidemment ce sont mes mots, pas celle de Claudine Cohen)
Bonjour Christophe, j'ai écouté aujourd'hui l'enregistrement de cet entretien avec un peu de retard et avec grand intérêt tant sur le fond que sur la forme. Toujours heureux d'apprendre... et de tordre le cou aux évidences. En tous les cas merci pour la clarté et la nuance des propos. Et sur la forme, une belle pédagogie "langagière", à l'instar de l'ami Bernard Lahire, qui participe de la compréhension de faits ou processus quelquefois complexes à exposer. Merci encore !
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