Avec le BAT, on touche au but

C’est aujourd’hui même que j’ai validé la version ultime des épreuves de mon prochain livre. Un moment toujours un peu difficile quand on à l’âme perfectionnisme (ou maniaco-maladive ?) et qu’après des dizaines de relectures, on trouve encore une petite lourdeur ici, une répétition là, et là encore une erreur de page ou un adjectif qui aurait été mieux choisi. Bref, j’imagine que du côté de mon éditeur on doit me maudire jusqu’à la septième génération pour ce travail-fini-qui-n’est-jamais-fini.
Quoi qu’il en soit, et en toute absence de modestie, je suis fier de ce texte. Sur le fond, j’ai le sentiment d’avoir accompli un vrai travail de recherche innovant, en jetant un éclairage nouveau sur une catégorie de faits qui avait jusque là été fort mal comprise, celle des confrontations collectives qui ne sont pas des guerres (fussent-elles « ritualisées », un mot qui ne veut à peu près rien dire). Et dans mes plus fous espoirs, les catégories et la classification proposées pourront servir de grille de référence non seulement à des anthropologues et à des préhistoriens, mais aussi, aux deux extrémités si j’ose dire, aux éthologues et aux historiens. Quant à la forme, je me suis efforcé de ne pas écrire un livre trop long – il fait à peu près la même taille que le Communisme primitif ou que Justice et guerre... J’ai également voulu, une fois encore, produire un texte lisible par tout esprit curieux, sans vocabulaire savant inutile, et en glissant un lot d’anecdotes étonnantes piquantes – et même, il faut bien l’avouer, quelques plaisanteries de bon aloi.
Bref, comme tout auteur ayant investi son temps sans compter, j’espère être lu et discuté – c’est le seul but de tout cela. Et au passage, si des lecteurs de ce blog connaissent des bibliothèques ou des libraires qui auraient envie d’organiser des rencontres, je suis ouvert à toutes les propositions (et pire, j’adore cela).
Quant à la traduction vers l’anglais, elle est d’ores et déjà les rails et devrait voir le jour dans les semaines à venir (en attendant de trouver à son tour un éditeur).
Alors, pour Casus belli... alea jacta est !
Texte de présentation (quatrième de couverture)
Il est souvent admis que la guerre authentique ne naît véritablement qu’à l’âge du Bronze – cette période étant supposée marquer l’apparition de combattants professionnels et d’un armement spécifiquement homicide. À rebours, un vaste courant de pensée plaide pour une origine bien plus ancienne. Ses tenants, qui inscrivent la question dans le temps long de l’évolution de l’humanité, relient nos dispositions belliqueuses aux observations effectuées sur les autres primates, en particulier les chimpanzés.
Au-delà de leurs divergences, ces approches s’accordent sur le fait que la guerre est intimement et nécessairement liée à l’appropriation de ressources. C’est cette idée, mais aussi l’assimilation de tout conflit collectif homicide à la guerre telle que nos sociétés étatiques la définissent que Christophe Darmangeat entend contester, sur la base de multiples données historiques et ethnographiques, dont celles portant sur des sociétés de chasse-cueillette mobile dénuées de toute inégalité de richesse. La plupart de ces affrontements sont menés pour d’autres motifs que l’appropriation de ressources territoriales, humaines ou matérielles, qu’il s’agisse entre autres de parvenir à un règlement judiciaire, de se venger ou d’acquérir des substances corporelles (têtes, dents ou scalps) réputées nécessaires à la vie.
Dans une large perspective comparatiste, ce livre ambitionne de recenser les diverses formes – presque toutes oblitérées par l’État – de ces confrontations collectives, d’en proposer une typologie raisonnée, de les mettre en relation avec les structures sociales et de traiter de leur (in)visibilité archéologique, afin d’éclairer leurs logiques profondes.



La couverture est très belle, mais en revanche, la typo du titre ne paraît pas très lisible sur un tel fond chamarré... Ce n'est pas un peu perturbant pour un maniaco-maladif ? :-D
RépondreSupprimerProblème insoluble : La Découverte voulait cette illustration (ou ce genre d'illustration), et la couverture doit se plier à un strict cahier des charges qui impose la graphie, l'absence d'ombrage, d'a-plat un peu opaque, etc. qui auraient pu faciliter la lecture. Donc, après moult essais, c'est le résultat le moins illisible auquel ils sont parvenus, mais on est bien d'accord que c'était une gageure. J'espère que la lisibilité du contenu (et des nombreuses illustrations noir et blanc) sera bien supérieure à celle de la couverture !
SupprimerFélicitations pour ce travail ! Très très hate de poser les mains (et l'esprit) dessus !
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerJe profite de ce post pour vous dire que je viens de finir Le Communisme primitif... après avoir écouté plusieurs de vos conférences/interviews sur youtube ces dernières années. J'avais reporté plusieurs fois cette lecture, car l'appareil de notes et quelques passages lus en feuilletant le livre m'avaient fait craindre qu'elle ne soit un peu ardue, mais il n'en est rien ! Le propos est clair pour le néophyte et le livre est équilibré malgré le foisonnement d'éléments. Je lirai donc le prochain avec plaisir.
Merci beaucoup, et je crois pouvoir dire que Casus belli, tout en traitant un sujet a priori assez technique, est tout aussi abordable pour un esprit curieux.
SupprimerBonjour. Entendu votre intervention sur France Inter. Bravo, très clair et passionnant.
RépondreSupprimerBonjour, dans ma lecture en cours de cet excellent livre je me suis posé la question si dans les motifs de confrontations discrétionnaires non résolutives il pourrait y avoir quelque-chose de l'ordre de la haine farouche, du dégoût pour l'autre groupe dont on tue les membres dès qu'on en vout comme entre les Sioux et les Pawnees. Les Sioux considéraient les Pawnees comme des barbares, notamment pour leurs sacrifices humains (Histoire des Sioux).
RépondreSupprimerC'est en effet une question qui peut se poser – il faudrait être certain que cette catégorie ne se confonde pas avec celle de la « vengeance sans fin ». Je pense qu'il y a des cas possibles (je pensais à un cas australien), mais je n'ai pas trouvé d'exemples qui soient indiscutables. Et comme je l'explique, plus on entre dans le détail des motivations, moins les limites entre les différentes catégories sont nettes...
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