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Parution : « Le dieu des sociétés joue-t-il aux dés ? » (Bulletin de la SPF, 2025/1)

Vient de paraître en libre accès (et en deux langues) mon article intitulé « Le dieu des sociétés joue-t-il aux dés ? » (Does the God of Societies Play Dice?), rédigé à partir de la communication que j’avais effectuée durant la journée de la Société Préhistorique Française consacrée au livre de David Graeber et David Wengrow, Au commencement était…. J’en reproduis ici le résumé :

L’ambitieux livre de D. Graeber et D. Wengrow, Au commencement était… : une nouvelle histoire de l’humanité, ne se propose pas seulement de questionner certaines certitudes factuelles. Il entend également bousculer la lecture traditionnelle de la dynamique des sociétés humaines depuis le Paléolithique supérieur. Cette contribution revient sur cette discussion, vieille en réalité de plusieurs siècles, en argumentant en faveur d’une perspective matérialiste, qui insiste sur les déterminismes qui pèsent sur les humains et sur leurs aspirations, le plus souvent sans qu’ils en aient conscience. Elle insiste également sur les contraintes de long terme qui pèsent sur la dynamique des sociétés. Contre l’idée, aujourd’hui défendue également en biologie, que l’évolution résulte d’accidents qui auraient pu modifier profondément sa physionomie globale, on s’efforcera de montrer que c’est précisément au travers de ces accidents – de la contingence – que s’est imposée une nécessité qui limitait grandement la gamme des possibilités.
le texte intégral de l'article

7 commentaires:

  1. Je souscris à l'idée générale du texte mais pour autant je ne suis absolument pas d'accord avec certaines formules.
    Je considère que, si, le matérialisme y compris dans les sciences sociales est l'affirmation selon laquelle il n'existe que de la matière.

    Deuxièmement, vous dites qu'"affirmer que l'évolution sociale est orientée par des tendances lourdes ne conduit pas à nier l'existence du hasard". Formulé ainsi, je ne sais pas, en revanche le matérialisme dialectique appliqué à l'histoire conduit clairement à nier l'existence du hasard et affirmer que le monde est déterminé dans ses moindres détails par ses conditions initiales.

    Vous dites que c'est par la multiplicité des hasards partiels et locaux que s'impose, à l'échelle globale la nécessité. Je ne sais pas ce qu'est un "hasard partiel" mais le déterminisme est autant local que global.

    Le matérialisme C'EST l'affirmation selon laquelle le hasard n'est rien d'autre que l'ignorance des causes d'un phénomène.

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    1. En ce qui concerne le premier point, je crois que vous m'avez mal compris. Le matérialisme affirme bien sûr que tout est matière. Mais si l'on parle du matérialisme historique, c'est-à-dire la théorie de l'évolution sociale, il n'affirme pas uniquement cela. Pour prendre le problème par l'autre bout, on peut parfaitement être idéaliste et prétendre que ce sont les idées qui font l'histoire, tout en pensant que les idées sont faites de matière.
      Quant à nier l'existence du hasard, tout dépend évidemment du sens que l'on donne à ce mot. Mais je me permets tout de même une petite citation, dont je vous laisse retrouver l'auteur :
      « Les hommes font eux-mêmes leur histoire, mais jusqu'ici pas avec une volonté générale suivant un plan d'ensemble, même lorsqu'il s'agit d'une société donnée et tout à fait isolée. Leurs efforts s'entrecroisent et, justement à cause de cela, dans toutes ces sociétés domine la nécessité dont le hasard est le complément et la manifestation. »

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    2. Et une autre, du même, pour la bonne bouche :
      « Or, si l'on part constamment de ce point de vue dans la recherche, (...) on ne s'en laisse plus imposer non plus par l'opposition du vrai et du faux, du bien et du mal, de l'identique et du différent, du nécessaire et du contingent, oppositions irréductibles pour la vieille métaphysique qui a toujours cours ; on sait que ces oppositions n'ont qu'une valeur relative, que ce qui est maintenant reconnu comme vrai comporte un côté faux qu'on ne voit pas et qui apparaîtra plus tard, tout comme ce qui est actuellement reconnu comme faux a son côté vrai grâce auquel il a pu précédemment être considéré comme vrai ; que ce que l'on affirme nécessaire est composé de purs hasards et que le prétendu hasard est la forme sous laquelle la nécessité se dissimule - et ainsi de suite. »

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  2. Toujours aussi intéressant de vous (re)lire sur ces sujets. La démonstration va très vite, ça donne envie de lire quelque chose de beaucoup plus développé, qui sorte de la critique spécifique de ce livre. J'espère que vous en aurez l'envie et l'occasion un jour (vous ou quelqu'un d'autre d'ailleurs).

    Il y a une erreur page 15 : "quoique 'bien que pas aucun autre'", c'est dommage ça gâche un peu le bon mot, je vous le signale au cas où se texte soit repris ailleurs.

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    1. Hem. J'ai vérifié, je ne vois pas de coquille...
      Et oui, il faudrait être capable d'écrire une synthèse sur l'évolution sociale de l'humanité, qui traite tout à la fois des faits tels qu'on les connaît de nos jours et des mécanismes susceptibles d'en rendre compte. Mais c'est un travail sacrément ambitieux, sur lequel il ne faut pas se rater. Un jour, peut-être...

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    2. Sur le pdf donné en lien, "quoique bien que par aucun autre", ça ne se dit pas, c'est soit "quoique" soit "bien que". A moins que...?

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    3. Arf, vous avez bien sûr raison, je me focalisais sur un autre point. Il faudrait simplement supprimer le « quoique » qui précède la citation.

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