Un compte-rendu de Casus belli par Boris Valentin (L’Histoire)

Merci à Boris Valentin pour ce compte-rendu paru dans le n°537 du magazine L’Histoire, et que je reproduis ici :
Casus belli. La guerre avant l’État, Christophe Darmangeat, La Découverte, 2025, 384 p., 23 €.
Voici une parution fondamentale dans le débat ancien sur les origines de la guerre. Était-elle déjà présente au Paléolithique ou bien n’est-elle apparue que bien plus tard, avec, pour enjeu central, l’appropriation des biens et des territoires ? Cet objectif constitue-t-il vraiment le seul que l’on puisse trouver à des conflits collectifs visant à terrasser des ennemis pour exercer sur eux une suprématie ? Car telle est la définition de la guerre que propose l’auteur, de façon à la distinguer d’une autre forme fréquente de conflit communautaire : les chaînes de vengeance de type feud (« dispute », en anglais) ou vendettas, qui, elles, visent non pas la victoire, mais l’équilibrage des pertes. Pour autant, guerre et représailles collectives ont en commun à la fois de chercher à résoudre le différend – en cela, elles se distinguent, par exemple, des razzias – et de le tenter sans accord préalable entre les parties – ce qui les sépare notamment des duels collectifs.
Voici résumés quelques éléments de la savante classification que propose Christophe Darmangeat à propos des conflits d’ampleur, au terme d’une enquête ethnographique aussi vaste que fouillée. Celle-ci confirme que les États, en s’assurant le monopole de la violence légitime, ont considérablement restreint la diversité des conflits collectifs. Ces derniers, généralement inspirés par la xénophobie, peuvent avoir bien d’autres motifs que l’acquisition ou la défense de ressources. Le livre montre ainsi l’importance que revêt la « chasse aux têtes », des trophées recherchés depuis l'Amazonie jusqu'à la Nouvelle-Guinée.



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