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Une nouvelle contribution de Jürg Helbling : 2. Feud et guerre

Mon collègue Jürg Helbling prolonge ici la discussion entamée avec sa critique de mon livre dans Antiquity, et poursuivie sur ce blog. Comme son texte est à la fois long et riche, je le publie sans avoir pour l'instant rédigé de réponse – celle-ci ne manquera pas d'arriver dans les prochains jours. Et je le répète, en dépit des incompréhensions et des désaccords, il est extrêmement agréable de pouvoir mener en toute cordialité ce type de discussions, qui touchent à une compréhension intime de certains phénomènes sociaux.

Une « atninga » (troupe de vengeurs) de retour après une expédition victorieuse.
Alice Springs, Australie, 1913 (Photo B. Spencer)

Dans la deuxième partie de ma contribution, je discuterai le concept de guerre et de feud tel qu'il est défendu par Christophe (et Boulestin), ainsi que le concept auquel ils reprochent d'être « formaliste ». J'aborderai également trois critiques que Christophe a soulevées contre mon premier texte : 1) la sédentarité, 2) la densité de population et 3) l'étude comparatiste de la guerre (je traiterai du lien entre guerre, sédentarité et organisation sociale dans un troisième texte).

Tout d'abord, la sédentarité n'implique pas - comme Christophe le suppose - que les guerres sont causées par une compétition autour de ressources rares ou qu'elles sont menées dans le but d'acquérir ces ressources, comme Harris, Rappaport et d'autres l'ont prétendu. La sédentarité signifie plutôt que les groupes locaux dépendent de ressources concentrées localement (comme les champs et les pâturages, mais aussi les zones et les infrastructures de pêche). Les groupes locaux perdraient ces ressources s'ils s'éloignaient afin d'éviter un conflit armé avec les groupes voisins. Ainsi, ce sont les coûts d'opportunité prohibitifs de la mobilité dans les groupes mésolithiques et néolithiques qui expliquent l'inévitabilité et l'occurrence de la guerre dans ces sociétés sans pouvoir central. De tels coûts d'opportunité n'existent pas dans le cas des groupes paléolithiques car la mobilité n'est pas un obstacle mais une condition préalable à une chasse et une cueillette efficaces (Helbling 1999, 2006). Je maintiens que la sédentarité marque la différence cruciale entre les petits groupes mobiles de chasseurs-cueilleurs (mH&G) et les groupes semi-sédentaires, « mésolithiques » avec pêche stationnaire (sF&H&G) dans l'Australie précoloniale. La sédentarité – en l'absence d'une autorité centrale telle qu'un État – conduit nécessairement à la guerre entre groupes locaux, car on ne peut éviter les conflits en s'éloignant.

Les discussions sur les définitions sont toujours un peu fastidieuses, mais elles sont néanmoins nécessaires. Les définitions ne sont ni bonnes ni mauvaises, mais elles peuvent être évaluées en fonction de leur cohérence logique, de leur exactitude et de leur pertinence ethnographique et empirique, et de leur utilité (avérée) dans la recherche comparative.

S'il existe des définitions divergentes de la guerre et du feud, comme le note Boulestin, elles ne sont pas fondamentalement différentes. La définition « la guerre est un combat armé entre des communautés politiques » semble être largement acceptée (Otterbein 1985, 2009, Ember/Ember 1994, Ferguson 1984). Il en va de même du concept de feud. Selon Carneiro (1994), le feud est une vengeance de sang suite à un homicide qui prend la forme d'une lutte entre individus ou familles, appartenant le plus souvent à des communautés politiques différentes, qu'elle débouche ou non sur une guerre entre groupes locaux.

La principale objection de Christophe contre cette conception dite « formaliste » de la guerre est la prétendue ambiguïté du concept de communauté politique (Otterbein 1985). Selon Christophe, les groupes de l'Australie aborigène n'avaient pas de « structure de pouvoir formelle » (qu'est-ce que cela signifie ?), tout au plus une « organisation politique minimale » (qu'est-ce que c'est ?) (134, 135, 137). Cette critique n'est guère convaincante, puisque même Otterbein (1985 : 3) écrit très clairement : « Une communauté politique est un groupe de personnes dont l'appartenance est définie en termes d'occupation d'un territoire commun (...) Chaque communauté politique possède une structure politique ». Non seulement les groupes locaux (i. e. les villages) dans les sociétés tribales, mais aussi les groupes (bandes) de mH&G sont des communautés politiques (Otterbein 1985 : 17f.), qui possèdent leur structure de pouvoir spécifique ainsi que leurs procédures de prise de décision collective (quand se déplacer et où ? quand organiser des rituels ?) et de résolution des conflits internes. De plus, chaque groupe est perçu comme tel par les autres groupes. Je reviendrai plus loin sur ce point.

Selon Boulestin (2020), le critère décisif pour distinguer le feud de la guerre n'est « ni les objectifs [des guerres], ni l'importance relative, ni la nature des unités sociales qui les mènent », mais le « nombre de victimes visées par l'opération » (137). Darmangeat à la suite de Boulestin définit le feud comme une guerre limitée visant à égaliser le bilan des victimes et la guerre comme un feud sans restriction qui inflige un maximum de dégâts à l'ennemi (139). Puisque le feud est une action de représailles visant à rétablir l'équilibre entre les victimes et que la guerre est un feud illimité, la vengeance est donc toujours en jeu dans les conflits violents : le feud est une vengeance limitée et la guerre une vengeance illimitée. Et en effet, la vengeance est toujours invoquée à un moment donné avant, pendant ou après une guerre par certains des participants ou leurs descendants (Koch 1975 sur les Yali). Mais qu'en est-il des autres motifs de guerre que Christophe énumère : la faute rituelle, l'utilisation illégale des ressources, l'empiètement ou le conflit territorial et le conflit autour des femmes ?

Christophe reconnaît la différence entre les batailles régulées et non régulées (voir tableau p. 123). Les conflits armés restreints et non restreints entre groupes constituent deux modalités de guerre, en plus des raids et des embuscades par des groupes de guerriers plus restreints. Mais la manière dont cette classification se rapporte à la distinction de Boulestin entre guerre et feud n'est pas claire. Pour commencer, la taille et les caractéristiques des parties belligérantes (petits groupes de guerriers, groupes de parents locaux, tous les hommes d'un village, coalition de groupes de parents ou de villages alliés) ont évidemment aussi leur importance, contrairement à ce que Christophe affirme (p. 137). Ensuite, je ne vois pas très bien comment les belligérants parviennent à comptabiliser les pertes dans le tumulte d'un combat collectif et sanglant où plusieurs centaines de guerriers peuvent être impliqués. En outre, pour l'une des parties, un mort est considéré comme égalisant le nombre de victimes, tandis que pour l'autre partie, c'est le début d'un nouveau cycle de vengeance. Le nombre de guerriers morts ne se révèle qu'à la fin des hostilités.

En outre, les deux modalités de guerre se confondent souvent, comme le montrent des cas ethnographiquement bien documentés chez les Maring (Rappaport 1968, Vayda 1976) et les Mai Enga (Meggitt 1977). Les hostilités commencent souvent par une bataille régulée pour tester la force de l'ennemi et pour démontrer sa propre force. Le combat peut prendre fin si les parties se révèlent être de force à peu près égale ou si l'une des parties a vengé un mort (s'agit-il alors d'un feud ou d'une guerre ?). En général, les batailles régulées ne font que peu de victimes. Cependant, il arrive souvent que lorsqu'une partie a soudainement pris le dessus sur le champ de bataille (lorsque les alliés de la partie adverse ne se montrent pas, par exemple), elle passe à la guerre libre en combat rapproché dans le but de tuer autant d'ennemis que possible. Le nombre de morts dépend donc principalement du déséquilibre des forces sur le champ de bataille, et ne correspond pas à un nombre fixé en amont d'une campagne guerrière afin d'égaliser les pertes. Si les hostilités s'éternisent sans qu'une partie espère pouvoir faire pencher la guerre en sa faveur et lorsque de plus en plus de participants en ont assez de la guerre et souhaitent qu'elle cesse, une trêve ou une paix peut être conclue. Ce n'est qu'à ce moment-là, lorsque la guerre doit prendre fin, que le bilan des victimes doit être équilibré (si nécessaire, par une indemnisation) pour que la paix soit durable.

Le concept de feud de Christophe obscurcit également la différence entre le feud avec et sans responsabilité clanique, c'est-à-dire la substitution (Kelly 2000). Même lorsqu'elle est le fait d'une famille, la vengeance peut prendre deux formes différentes, selon qu'elle s'exerce sans responsabilité clanique, en visant uniquement l'auteur réel (Darmangeat p. 46, 101), ou la avec responsabilité clanique, contre toute personne du groupe de parenté de l'auteur (Darmangeat p. 47, 140ff.). Dans le premier cas, le conflit se limite en principe aux personnes impliquées : les proches de la victime et l'auteur effectif. Cela peut également être le cas dans la deuxième forme de vengeance (Greuel 1971 sur les Nuer) : si le groupe local ou le groupe de parenté ne veut pas déclencher une guerre, il peut inciter la famille lésée à accepter une compensation. Cependant, la vengeance peut aussi facilement dégénérer – par le mécanisme de la responsabilité clanique – en une guerre entre les groupes locaux impliqués. La définition du feud et de la guerre que Darmangeat utilise n'est ici pas suffisamment précise et ne nous mène pas très loin.

Toutefois, le principal problème avec les concepts de guerre et de feud défendus par Christophe (et Boulestin) est qu'ils considèrent – en rejetant le concept de communauté politique – que la question des protagonistes de ces formes de violence collective n'est pas pertinente : Qui se bat ? Les familles, les groupes de parents, les groupes locaux ou les coalitions de groupes ? Sur le plan analytique, cependant, le terme de communauté politique est clair et ne pose aucun problème (Otterbein 1985).

Même les groupes de mH&G (bandes) possèdent une structure politique, bien qu'elle diffère de celle des groupes tribaux. La structure politique des groupes de mH&G est largement égalitaire et fluide, les individus changeant fréquemment de groupe. Chez les mH&G des régions désertiques, les groupes mobiles sont petits avec ±25 individus (5 familles) en moyenne, bien que des agrégations saisonnières de 100 à 150 individus soient courantes. En revanche, les sF&H&G, qui appartiennent au type de société tribale, sont constitués de campements semi-sédentaires dont la composition de la parenté est plus stable. Dans les sF&H&G, les groupes locaux sont plus importants avec 100 à 150 individus, même si, de façon saisonnière, de plus petits groupes partent exploiter les ressources dispersées ou si le groupe effectue une rotation annuelle entre deux camps ou davantage.

Selon la « conception formaliste de la guerre », les groupes de mH&G constituent tout autant des communautés politiques que les groupes locaux des sociétés tribales (qui comprennent également les sF&H&G), entre lesquelles des guerres pourraient être menées. Mais la question de savoir si les communautés politiques font effectivement la guerre ou entretiennent des relations pacifiques est une question empirique.

Je ne prétends pas, comme Christophe me l'impute, que la densité de population (en tant qu'indicateur de la densité des ressources) détermine s'il y a ou non des guerres. Cependant, la carte que Christophe présente indique fortement une telle covariance entre la densité de population et l'occurrence de la guerre. Mais il semble penser qu'il ne s'agit que d'une fausse corrélation et que le ratio du nombre de conflits violents par personne est le même dans toute l'Australie ..... En tout état de cause, une corrélation n'est pas une causalité.

Mon argument – assez grossier et sommaire, je l'avoue – est plutôt que dans les régions où la densité de population est plus élevée, on trouve généralement des pêcheries semi-sédentaires, des établissements plus grands et plus stables, un investissement plus important de la main-d'œuvre dans les infrastructures de pêche et des territoires plus petits (sF&H&G) et que les guerres sont beaucoup plus fréquentes (voir même Darmangeat p. 222). La plus grande productivité de la terre dans ces régions permet également des densités de population plus élevées.

Dans les sociétés de H&G, les densités de population et les densités de ressources correspondantes sont si faibles que la sédentarité n'est pas une option, et que seule une économie de H&G mobiles est possible. La mobilité est également la principale condition préalable pour éviter d'éventuels conflits avec les groupes voisins. La mobilité n'entraîne pas de coûts d'opportunité, mais est une condition préalable à une chasse et une cueillette efficaces. En outre, les faibles densités de population entraînent une faible intensité d'interaction entre les groupes, de sorte que les conflits sont de toute façon moins probables.

Je suis d'accord avec Christophe pour dire que ses données ne permettent pas facilement une étude statistique comparative de la guerre et - comme je voudrais l'ajouter - certainement pas des motifs de guerre (c'est-à-dire des objectifs). Christophe recherche des données sur les guerres et les feuds dans diverses sources, qu'il évalue ensuite et situe sur la carte de l'Australie.

Pour une comparaison inter-culturelle (CCA), il faudrait partir d'un échantillon d'unités culturelles et dire si et dans quelle mesure il y a guerre ou non dans chacune d'elles. Ces données devraient ensuite être examinées du point de vue de leur covariance avec d'autres variables telles que la densité de population, la sédentarité, le système économique et l'organisation sociale, informations qui ne figurent toutefois pas dans la base de données de Darmangeat.

10 commentaires:

  1. Il y a pas mal de truc dans ce qu'il dit qui ne m'ont pas l'air d'être propre à régler le problème.

    D'abord, c'est arbitraire, mais pour la définition du niveau politique, la définition qu'il garde (celle d'Otterbein) se concentre sur l'aspect territorial. Élément que Testart s'était justement efforcé de retirer de la définition de l'Etat (parce qu'elle n'était d'aucune utilité). ça ne me semble pas abusif d'estimer qu'il l'aurait a priori écarté de toute définition du politique quelle qu'elle soit (s'il ne l'as pas effectivement fait, j'ai plus tout les détails des Principes en tête). J'ai surtout l'impression que Helbling la garde parce qu'elle correspond à son idée que les conflits sont avant tout territoriaux (tu as déjà expliqué qu'en Australie il n'y avait pas ou peu de conflits territoriaux même dans les zones de plus forte densité démographique, je n'y reviens pas).

    Ensuite, sa définition de la guerre en fonction [du niveau (dehors/dedans)] de l'unité politique est surtout problématique parce qu'elle définit la guerre en fonction d'un élément extérieure. La guerre (ou le feud) et le niveau de l'organisation sociale auquel elle surgit sont deux phénomènes sociaux distincts. Il y aurait sans doute beaucoup de profit à les comparer statistiquement et à voir s'il y a un lien entre les deux. Profit que ça définition annihile d'emblée. Ce n'est pas le cas de la définition de la "limitation" qui est un élément interne au phénomène de la guerre (ou du feud).

    Pourtant Helbling tente justement de discréditer le critère de la "limitation" parce qu'il se règlerai possiblement au cours du conflit lui-même. Mais il n'y a aucun problème à ça. On dira alors simplement que le conflit est passé de la guerre au feud ou du feud à la guerre. En revanche, et c'est là que le bât blesse bien plus la définition du "niveau" que celle de la "limitation" : que dire de deux familles formant une unité politique s'entre-tuant jusqu'à se séparer complètement. Décide-t-on qu'il y a passage du feud à la guerre pour la seule raison (extérieure au phénomène guerrier lui-même, aux victimes ou aux procédures de vengeance) que l'unité politique s'est scindée ? ça ne me paraît pas très commode comme méthode. Et je ne parle pas des problèmes délicats (supplémentaires) que ça poserai de déterminer si deux entités politiques font ou non partie d'un même ensemble politique à un moment t ou t'.

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    1. Bah, tu mets le doigt sur toutes les faiblesses des définitions de la guerre faisant appel au niveau politique, qui ne peuvent pas fonctionner. D’ailleurs, même une partie des Anglo-Saxons en sont bien conscients, Roscoe par exemple, ou tous ceux qui essayent de jongler en utilisant des termes comme « politie » (qui ne règle rien). Et pour le point particulier du passage au cours d’un même conflit du feud à la guerre, il se savonne lui-même la planche : puisque, par définition, dans ce cas-là ce sont bien évidemment les mêmes unités politiques qui s’affrontent (même si parfois il y a un élargissement), comment peut-on espérer différencier les deux formes par le politique ? Et, justement, ce qu’on trouve dans les ethnographies, c’est que le passage du feud à la guerre se fait quand il y a basculement de la vengeance équilibrée à la volonté de faire un maximum de dégâts, le déséquilibre des forces en présence n’étant qu’une condition pour ce faire (tu ne vas pas essayer d’aller flanquer une rouste à un groupe qui est deux fois plus fort que toi).
      Le problème dans tout ça, c’est que la position de Helbling est, il me semble, surtout révélatrice des différences fondamentales qui existent dans la façon de raisonner en anthropologie sociale entre l’école anglo-américaine et l’école française. J’en ai parlé plusieurs fois avec Christophe à propos d’autres sujets, notamment celui de la richesse : l’incompréhension de ce que nous faisons va bien au-delà des barrières de la langue ; elle est due à des différences profondes dans notre façon de penser. Et là, je ne vois vraiment pas comment on peut s’en sortir…

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    2. Messieurs les Anglais, tirez les premiers !

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    3. Bruno, c'est vrai qu'il est sans doute difficile de s'entendre sur certaines choses. A défaut de m'en être fait une idée personnellement, je veux bien te croire sur les manières de raisonner française et anglo-saxonne. Enfin, devant le rareté des conflits territoriaux on peut quand même se comprendre. A moins de supposer que ces conflits s'exprimeraient par des biais (en gros : que les conflits territoriaux prendraient prétexte d'autres formes de conflit (comme casus belli) ; ou que - plus généralement - l'accroissement de la densité démographique causerait des conflits de toute sorte).

      C'est ce point là qu'il faut éclaircir et il ne dépend pas des questions de définition discutées plus haut. C'est précisément ce point que Helbling n'a pas discuté... pour l'instant

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    4. De toute façon, il peut tout à fait y avoir des conflits territoriaux chez les chasseurs-cueilleurs nomades. Les chasseurs-cueilleurs sont territorialisés, et il faut être autorisé pour pénétrer sur leur territoire : si ce n’est pas le cas, il y a des représailles. Mais il y a une espèce d’incompréhension assez générale sur ce point. Le problème vient de la confusion entre territorialité et propriété (sur laquelle tu en connais un rayon !), et plus spécifiquement entre possession et propriété. Les animaux territoriaux, et c’est la majorité d’entre eux, possèdent un territoire au sens où ils en ont la jouissance, mais n’en sont évidemment pas propriétaires au sens économique, et ils le défendent s’il est violé par un autre animal. Ce n’est pas différent chez les chasseurs-cueilleurs. Il y a une autre confusion qui rajoute à la difficulté, c’est celle entre ressources territoriales, richesse territoriale et richesse tout court. Donc dire que les conflits sur les territoires (ou les ressources naturelles) renvoient obligatoirement au monde II, et a contrario qu’il ne peut pas en exister dans le monde I est tout simplement faux. C’est vrai que Christophe en a très peu dans sa BDD, mais c’est peut-être simplement parce que chacun connaissant les règles, ils ne sont pas très fréquents (si tu sais que tu vas te faire buter en rentrant chez ton voisin sans qu’il t’y ait au préalable autorisé, tu évites).

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  2. Given the history of war as recorded, it is evident that fighting is something humans have always done for a variety of reasons. Why would Aboriginal peoples be any different?

    It has been commonly recorded from the time the British arrived in Australia in 1788 that Aboriginal groups/clans, many not big enough to be tribes, frequently fought over women. One presumes, given the habit of making their females available to others for profit, that such fights and battles arose when suitable payment was not made.

    There are also reports of Aboriginal corroborees, when groups would agree to join together for a time, invariably ending in violence and bloodshed.

    As human beings it would be extremely unusual if Aboriginal peoples did not fight as other humans have always done and sadly, many do still.

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    1. Dear Roslyn
      No one here (neither Jürg nor myself) disputes the existence of armed violence, including in the form of genuine wars, in traditional aboriginal societies. So I think that your comment is not relevant to the subject that is being discussed in this post...

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    2. Perhaps I should have been clearer. I was responding to this comment:

      I agree with Christophe that his data do not easily allow a comparative statistical study of the war and - as I would like to add - certainly not motives for war (i.e. objectives).

      Which seems to raise questions about the likelihood of wars and I merely sought to make the point that as human beings, of course Aboriginal people would have fought with each other and there would have been wars and there would have been motives for wars.

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    3. Indeed, it is clearer this way! However, I believe that we should be wary of overly hasty generalizations. The potential use of violence is certainly something universal, and as old as our animality. But war - with all the problems of definition that it poses - also requires a certain social organization that is not found everywhere. In any case, in Australia, if the Tiwi allowed certain forms of violence (including the compensation killing), I do not believe - contrary to K. Otterbein - that one can speak of wars among this people.

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