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Les poteries Jomon exposées à Paris

Une des pièces exposées
En ce moment-même, et jusqu'au 8 décembre, les Parisiens (résidents ou de passage) peuvent aller admirer, à la Maison de la culture du Japon, une exposition d'objets de la période dite Jomon, qui s'est étendue durant les dix millénaires qui ont précédé l'ère chrétienne. Les objets présentés sont essentiellement des poteries, contenants savamment ornés ou étranges statuettes, mais on peut également admirer quelques pièces d'un autre genre, comme ces remarquables lames de hache en jade polie qui n'étaient manifestement pas des outils, mais des monnaies.
L'exposition est de taille assez modeste, mais les pièces présentées sont de toute beauté ; elles attirent d'autant plus l'attention qu'elles sont l'oeuvre de purs chasseurs-cueilleurs. Ceux-ci, sédentaires, étaient installés dans des villages et vivaient en particulier des ressources marines ; ils avaient vraisemblablement secrété des inégalités de richesse assez marquées (les lames de jade en sont un indice). Le Jomon est sans doute un pendant assez symétrique, côté asiatique, des sociétés dites de la Côte Nord-Ouest de l'Amérique – et qui, contrairement à lui, sont connues par l'ethnologie en plus de l'être par l'archéologie.
Comme il est hélas de tradition, l'exposition met un accent presque exclusif sur l'aspect artistique de la production, qu'elle relie avec plus ou moins de légitimité (je ne suis pas compétent pour en juger) à la religion ; le contexte économique, lui, est traité a minima. Quant aux structures sociales, à l'instar du reste de la culture matérielle de ces populations, elles sont totalement passées sous silence. On peut donc aller voir ces objets pour leur beauté (et l'on n'en sera pas déçu), mais on n'apprendra pas grand chose sur la société qui les a produits.
Pour terminer, il faut ajouter que le personnel veille scrupuleusement à interdire aux visiteurs de photographier les pièces de quelque manière que ce soit. Cette attitude est d'autant plus absurde et irritante que tous les musées du monde autorisent maintenant les photographies, et que celles des objets exposés inondent déjà internet.


3 commentaires:

  1. Bonjour,
    Tu es scandalisé par l’interdiction de photographier les pièces. Je te signale qu’au Japon certaines pièces et certaines salles des grands musées sont interdites de photographie ! Je ne sais vraiment pas sur quelles bases ces interdictions (absurdes) sont faites.
    Par ailleurs, ta remarque selon laquelle le Jomon est le pendant asiatique de la Côte Nord-ouest est assez drôle, concernant la poterie. La côte Nord-ouest ne connait pas du tout la poterie ! En effet, tout est fait en bois, y compris les pots dans lesquels est stockée l’huile de poisson et ceux qui servent à faire cuire les aliments.

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    1. Sur l'interdiction de photographie, ceci explique cela : on m'a dit que c'étaient les détenteurs de pièces (les musées japonais, donc) qui refusaient qu'elles soient photographiées. Quant à mon parallèle entre Jomon et Côte Nord-Ouest, il concernait à grands traits les conditions économiques et sociales, pas l'ensemble de la culture matérielle ! (au passage, a-t-on une explication convaincante de l'absence de poterie sur la Côte Nord-Ouest ?)

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    2. Mon hypothèse est d’une part, qu’il n’existe pas, sur la côte Pacifique de l’Amérique du Nord, de l’argile de qualité adéquate pour faire de la poterie et que, d’autre part, la qualité des bois (« cèdres » rouge et jaune) rendait possible un travail (extraordinaire d’un point de vue technique) sur le bois permettant de s’en passer. Or on attribue à la poterie l’invention des fours dont l’amélioration (du point de vue de la chaleur atteinte) a permis par la suite de travailler le cuivre ou le fer.

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